dimanche 22 novembre 2015

NOUS, LES ENFANTS DU PRINCE DE POLIGNAC ....1

LES CENDRES DE LA NOSTALGIE                                                                                       1er partie

Ce chapitre est un recueil à caractère historique, sociologique, culturel et littéraire . Il est dédié à tous mes amis du Ruisseau.
Les photos, articles, commentaires … insérés dans cette rubrique appartiennent dans leur intégralité à l'auteur. Toute reproduction même partielle du contenu de cet ouvrage est strictement interdite.
On peut avoir le verbe, la plume, la fougue, la verve, la fibre d'un enfant de la métropole. Quant à l'âme spirituelle d'un enfant de la métropole, Dieu seul sait qui et combien en sont imprégnés. Lui seul, saura à qui il a insufflé cette âme. 

            Je suis Russe et je le suis jusqu'à la moelle épinière.
Rimski-Korsakov

1.         UN MERVEILLEUX DON DE LA NATURE

Dans ce beau et spacieux standing de douze pièces, au 5ème et dernier étage de ce bel immeuble de l'avenue H..., un petit garçon de confession ......, âgé  à peine de douze ans, et sa sœur d'un même âge près, se lançaient gaiement à la découverte des lois universelles encore inconnues de l'informatique. Je me trouvais debout derrière eux, le regard admiratif, et les deux mains posées à hauteur du siège cervical. Tout près de moi, se tenait fièrement leur maman, les bras tendrement croisés et les yeux grandement rieurs. 
Une petite merveille de la nature, aussi belle, aussi gigantesque, que l'est le premier pas  de l'homme sur la lune.
De l'autre côté de la méditerranée, quelque part dans ce beau pays ...... , un petit garçon de confession…... , d'un même âge que les précédents, s'adonnait avec la bénédiction des pouvoirs publics, au gardiennage de voitures, un gourdin dissuasif sous le bras.

Un vrai comble de l'histoire de l'humanité              

Entre un duo, virtuose du clavier qui nous rapproche du monde moderne et un petit derviche, voltigeur du bâton, qui nous entraîne dans les bas-fonds de la préhistoire, le fossé semble loin ... aussi loin que l'est la distance de la terre à la lune.
Pour des raisons exceptionnelles l'éditorial consacré à ce chapitre ne sera pas publié dans les colonnes d'Internet. 

2.      NOUS, LES ENFANTS DU PRINCE DE POLIGNAC

EN PARLER, C'EST … -I-

On veut parler … Oui, mais y parler, c'est mettre la main sur la mémoire de nos grands-parents, c'est réveiller les consciences endolories, les mémoires endormies, les douleurs ensevelies, les troubles indescriptibles. C'est éveiller les reflets nocifs de sa nostalgie. C'est un sacrilège. Un crime de lèse-majesté …. Pourtant en parler est devenu une nécessité, un devoir de bon citoyen de la métropole. C'est même afficher son appartenance à la république. C'est la préoccupation pour beaucoup. C'est même une obsession envahissante. Cette fois, on se met à parler. Chacun y passe…
En parler, c'est évoquer le passé. C'est faire étalage de sa douleur, de ses passions égarées, de ses sentiments refoulés, de ses pensées inhibées. En parler, c'est transporter avec soi et partager avec d'autres tout un univers fait de sang, de larmes, de deuils, de fleurs … fanées, de cercueils. C'est normal ! On a vécu ensemble en une période peu lointaine, dans la joie, la peine, la douleur. On se recherche une dernière fois pour se blottir l'un contre l'autre et mourir enfin d'une belle mort. « Tout comme font les animaux » disait André Demaison dans son livre « Nos amis les bêtes ». Cette fois, on se sent plus forts pour aborder l'histoire par la grande porte. Affronter l'histoire, on y parviendra ensemble la main dans la main.

LES VOIX DU PASSÉ – II –

Un paysage nouveau se dessine à l'horizon. C'est le monde du virtuel, c'est celui des scribouillards de l'Internet. On n'échappe pas aux contraintes des circuits de la communication. L'Internet est devenu un objet de rapprochement, un signe de ralliement, un média d'accompagnement. Il a investi notre univers déjà fragile. « On devient écrivassier » … avec le temps, comme disait Michel Rocard. Chacun y passe. C'est une affaire qui rapporte gros. On fait tourner et brasser les affaires. On se confie à la voix des ondes. Elle apporte le réconfort. Elle émane d'une gorge plaintive, profonde, rauque et lointaine. Elle est douce, chaude, captivante et rassurante. Elle promet de nous mener loin … très loin. On cherche à nouer le contact, fut-il éloigné. Chacun y va de sa chanson. Ils finiront toujours par trouver quelque chose au loin. Ils parlent et ils écoutent, ils lisent et ils écrivent. Ils se confient, ils se chuchotent, ils se vident, ils se rechargent les batteries pour une nouvelle vie. On veut rattraper et explorer le temps perdu. L'envie de parler et d'écrire est devenue un style. Un mode de vie. Elle est passée dans la perfection, dans la communication de tous les jours.
« Je vous ai reconnu du premier coup » confie P …..., fier de ses  attaches et de sa mémoire toujours fidèle. « On fréquentait la même classe, te souviens-tu ? » renchérit de nouveau E....... qui ne jure que par le passé. « Vous étiez plus jeune et moins belle » enchaîna cet autre, non sans vouloir tenter un brin de cour. « Je connais vos parents ... » s'empressa de rajouter J......, ravi d'avoir retrouvé une amie d'enfance qu'il trouvera plus alléchante qu'autrefois. On est mieux aguerris cette fois. On est plus mûrs. D'ailleurs, on a un compte à régler avec dame colonie, si chère à Jules Ferry.
Enfin, et pour de vrai, on se sent bien dans sa peau, ou plutôt dans sa tête.
« Parlez-moi de lui ». Cette fois, Nicole Croisille nous entraîne loin, avec sa voix de velours, pour nous faire revivre les moments intenses de la vie, comme ceux endurés durant la guerre d'Algérie.

LE PASSÉ, C'EST … – III –

Certains ont un goût profond pour le passé, fut-il amère. Faire parler le passé dans un monde présent ou à venir ne va pas sans heurts ni contrariété. C'est pénétrer dans un univers poussiéreux, suffocant et fragile, qui vous empêche de respirer et d'y voir clair. C'est incommodant, disent les bibliothécaires. C'est marier l'ancien et le nouveau, le beau et le disgracieux, le pur et l'impur, le limpide et le tumultueux, le sage et le vilain. C'est entrer peu-à-peu dans le monde burlesque du mardi gras. Pour beaucoup, c'est s'offrir les traits d'une seconde personnalité et se laisser transfigurer. C'est d'être tiraillé de part et d'autre et être victime de troubles de la pensée. C'est verser dans la complaisance et frôler la mythomanie. C'est sombrer dans la cacophonie et succomber à la déprime. On n'est plus maître de soi-même. Ça fait mal, très mal, disent les psychologues. Pourtant, on veut faire revivre le passé, ce passé longtemps relégué dans l'oubli. Ce n'est point pour y trouver un tremplin et faire un saut en arrière, mais pour y chercher un refuge euphorisant.
Jacques Laurent chroniqueur au journal Le Monde  aborde le passé sous un autre angle, le contexte étant cette fois différent, et rapporte dans un article publié dans le quotidien Le Monde du 24 février 1980 la réflexion suivante : « Pourtant l'avenir c'est le passé, et le passé est notre plus sûr refuge contre l'avenir ». Et J. Steinberg, rattrapé par la prosodie traditionnelle de Baudelaire, et plus proche des idées de ce dernier, atteste : "Le passé, n'est même pas passé."

ROMPRE AVEC LE PASSÉ, ON … – IV –

L'ère  expansionniste de « monseigneur » Jules Ferry ne fait plus son chemin en ce temps présent. L'idée d'une nouvelle politique coloniale est révolue. Elle n'a plus sa place et n'a plus droit d'être citée. On veut rompre avec le passé. On ne veut plus entendre parler de ce passé égocentrique et tourmenté. On refuse de s'encombrer d'images effroyables, de scènes épouvantables, de maux indescriptibles, de troubles tumultueux. Y penser seulement, c'est flirter avec la douleur, c'est faire renaître la souffrance, c'est même enfanter une nouvelle fois le malaise, et créer autour de soi un feu de braise. On ne veut plus croire en cette Afrique, terre de colonies, porteur de déchirures, de désillusions, de désenchantement. La déchirure est profonde. Elle saigne abondamment. Un parcours glorieux parsemé d'embûches, de déceptions …... brisé à jamais.
J'en veux à ma famille de m'avoir enfanté ici, sur cette terre », dira M*...R...lors d'un dîner organisé en son honneur, par une vieille famille de notables musulmans des H ….......
« Famille, je vous hais » dira cette autre fois, Hervé Bazin.

M ...R ; Descendant d'une vieille famille des Pyrénées installée à ….......... en 1852, M.....R… aura à partager avec cette honorable famille musulmane le f''tour du ramadan, lors de sa dernière visite aux H......... à  …....... en 2011.

OUBLIER, ON … – V-

« On veut oublier » disent les pacifistes. « Oublier, surtout pas ... »  nous rattrapent les faucons, comme exhortés par les démons. On ne se défait pas facilement de l'héritage spirituel de nos aïeux. On n'efface pas d'un coup, à la brosse et au chiffon, le produit de plusieurs générations. On n'oublie pas. D'ailleurs, on a du mal à rompre avec le passé et s'envoler rapidement avec un futur parsemé d'embûches. Un parcours incertain, sans lendemain. Oublier, ce serait commettre une trahison, un abandon, un désengagement, surtout si l'on appartient à une terre vierge, chaude, chaste, qui vous a vu naître, à une terre arrosée à l'eau-de-vie, à une caste privilégiée, à une armoirie luisante. Pour mieux dire, c'est tomber sous le coup de l'apostat et le regretter toute sa vie. On ne plie pas. On ne rompt pas. On ne pardonne pas …
«Il faut oublier … le temps des malentendus » nous suggère avec dévotion la voix prenante de Jacques Brel.
« Non, on n'oublie pas … surtout pas ... » s'entêtent à le répéter les plus avertis....

RÊVER, C'EST …... – VI-

Cette fois, on en vient à la solution la plus simple et la plus radicale, privilégiée par beaucoup. C'est l'envie fantasmagorique d'y rêver. Elle nous permet de tirer un trait sur une période de notre vie longtemps révolue. Elle nous procure cette sensation agréable de faire le vide autour de soi, tout en ayant conscience d'avoir libéré notre pensée, de s'être débarrassé de quelque chose d'encombrant.
Rêver, c'est jouir. C'est mieux ainsi, nous dit-on. C'est un refuge. C'est échapper à l'emprise du mal, à l'empire de la monotonie, à cette langueur mélancolique. On préfère se rallier à quelque chose de nouveau, plutôt que de se laisser envahir par les turbulences d'un passé incertain. Cette fois, et pour de vrai, on se confie à notre imagination qui, pourtant, disait-on naguère, n'arrête pas de nous jouer des tours. Tout cela, pour venir à bout de nos attentes, de nos ambitions. Il est vrai que l'envie d'y retourner en arrière est la plus forte.
Pourtant la réalité est tout autre s'accordent à dire les sociologues. Rêver, c'est entrer dans un monde brillant et ne plus en ressortir. C'est céder la place à des idées épicuriennes et se laisser constamment dépasser sur le plan intellectuel. C'est ne plus être de son temps et ne plus pouvoir y avancer. Pis encore, c'est stagner, c'est même revenir en arrière. On n'est plus maître de soi-même. On aura du mal à joindre le passé, le présent et le futur. Du mal à revenir à la raison, affirment de nouveau les maîtres à penser.

MÉMOIRES D'OUTRE-TOMBE  – VII-

La France a perdu ses colonies en terre d'Afrique. Pour cela, retournons en arrière et voyons le cas plus édifiant de l’Amérique du Nord, de l'Australie, du Canada, de l'Irlande, de l'Afrique du Sud. Un continent où l'influence britannique et française furent prépondérantes, où plusieurs générations de colons se sont succédés sur un long parcours, vieux de plus de 3 à 5 siècles. C'est un peu loin, me diriez-vous, mais ils ont réussi tout de même à s'implanter et à s'intégrer sur des terres nouvelles, riches, sauvages et fascinantes, car d'une même et unique entité confessionnelle.
Le Canada, ce vaste et immense continent , et grande puissance forestière et agricole,  portera à jamais le qualificatif de « vaste empire des bois et de blé ». Montcalm a réussi. Il y laissera la vie en défendant le Québec. Vive le « Québec libre» dira De Gaulle, 2 siècles après.
L'Inde, un vaste continent aux visages pluri-ethniques, creuset d'une  vieille religion hindouiste. Dupleix y échoua. Abandonné par le roi, il lâchera à son tour l'Inde et le commerce florissant de la Compagnie française des Indes. Il mourra ruiné sans avoir pu rembourser les dettes contractées auprès de ses débiteurs.
L'Afrique, un immense bloc et riche gisement minier (or, diamant, houille, uranium...). Elle sera découpée, dépecée, tronçonnée en une multitude d'Etats. Fragile, fragilisée par les luttes intestines, l'Afrique n'est pas prête de sortir de sa profonde léthargie.

LES VOIX DU FIRMAMENT – VIII-

On se met à emprunter le chemin des écoliers. Celui des retrouvailles du petit poucet. On sème des cailloux. On fait du chemin pour retrouver son chemin. On se met à marier le cours des années, de l'histoire, à extrapoler sur les jours à venir, à chevaucher sur les mois qui se succèdent. On se dit tiens ! Et si l'année 1962 avait été 1982. Et si l'année 1962 avait été 2002 ou 2015. Cette fois on aura « tout à gagner » ou du moins « rien à perdre». Il aura fallu attendre vingt ans, trente ans, et le cours de l'histoire aura certainement changé, ou du moins en une petite partie. Les institutions sont plus fortes cette fois.
L'O.N.U., l'O.N.G, la ligue des droits de l'homme, la ligue de la défense des minorités, Amnesty International. On en viendra cette fois à bout.

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