LES CENDRES DE LA NOSTALGIE 1er partie
Ce chapitre est un
recueil à caractère historique, sociologique, culturel et littéraire . Il est dédié à tous mes amis du Ruisseau.
Les photos, articles,
commentaires … insérés dans cette rubrique appartiennent dans leur intégralité
à l'auteur. Toute reproduction même partielle du contenu de cet ouvrage est
strictement interdite.
On peut avoir le
verbe, la plume, la fougue, la verve, la fibre d'un enfant de la métropole.
Quant à l'âme spirituelle d'un enfant de la métropole, Dieu seul sait qui et combien
en sont imprégnés. Lui seul, saura à qui il a insufflé cette âme.
Je
suis Russe et je le suis jusqu'à la moelle épinière.
Rimski-Korsakov
1.
UN MERVEILLEUX DON DE LA NATURE
Dans ce beau et
spacieux standing de douze pièces, au 5ème et dernier étage de ce
bel immeuble de l'avenue H..., un petit garçon de confession ......,
âgé à peine de douze ans, et sa sœur
d'un même âge près, se lançaient gaiement à la découverte des lois universelles
encore inconnues de l'informatique. Je me trouvais debout derrière eux, le
regard admiratif, et les deux mains posées à hauteur du siège cervical. Tout
près de moi, se tenait fièrement leur maman, les bras tendrement croisés et les
yeux grandement rieurs.
Une petite
merveille de la nature, aussi belle, aussi gigantesque, que l'est le premier
pas de l'homme sur la lune.
De
l'autre côté de la méditerranée, quelque part dans ce beau pays ...... , un
petit garçon de confession…... , d'un même âge que les précédents, s'adonnait
avec la bénédiction des pouvoirs publics, au gardiennage de voitures, un
gourdin dissuasif sous le bras.
Un vrai comble de l'histoire de
l'humanité
Entre un duo, virtuose du clavier qui
nous rapproche du monde moderne et un petit derviche, voltigeur du bâton, qui
nous entraîne dans les bas-fonds de la préhistoire, le fossé semble loin ...
aussi loin que l'est la distance de la terre à la lune.
Pour
des raisons exceptionnelles l'éditorial consacré à ce chapitre ne sera pas
publié dans les colonnes d'Internet.
2.
NOUS, LES ENFANTS DU PRINCE DE POLIGNAC
EN
PARLER, C'EST … -I-
On veut parler … Oui,
mais y parler, c'est mettre la main sur la mémoire de nos grands-parents, c'est
réveiller les consciences endolories, les mémoires endormies, les douleurs
ensevelies, les troubles indescriptibles. C'est éveiller les reflets nocifs de
sa nostalgie. C'est un sacrilège. Un crime de lèse-majesté …. Pourtant en
parler est devenu une nécessité, un devoir de bon citoyen de la métropole.
C'est même afficher son appartenance à la république. C'est la préoccupation
pour beaucoup. C'est même une obsession envahissante. Cette fois, on se met à
parler. Chacun y passe…
En parler, c'est
évoquer le passé. C'est faire étalage de sa douleur, de ses passions égarées, de
ses sentiments refoulés, de ses pensées inhibées. En parler, c'est transporter
avec soi et partager avec d'autres tout un univers fait de sang, de larmes, de
deuils, de fleurs … fanées, de cercueils. C'est normal ! On a vécu
ensemble en une période peu lointaine, dans la joie, la peine, la douleur. On
se recherche une dernière fois pour se blottir l'un contre l'autre et mourir
enfin d'une belle mort. « Tout comme font les animaux » disait
André Demaison dans son livre « Nos amis les bêtes ».
Cette fois, on se sent plus forts pour aborder l'histoire par la grande porte.
Affronter l'histoire, on y parviendra ensemble la main dans la main.
LES
VOIX DU PASSÉ – II –
Un paysage nouveau se
dessine à l'horizon. C'est le monde du virtuel, c'est celui des scribouillards
de l'Internet. On n'échappe pas aux contraintes des circuits de la
communication. L'Internet est devenu un objet de rapprochement, un signe de
ralliement, un média d'accompagnement. Il a investi notre univers déjà fragile.
« On devient écrivassier » … avec le temps, comme disait Michel
Rocard. Chacun y passe. C'est une affaire qui rapporte gros. On fait
tourner et brasser les affaires. On se confie à la voix des ondes. Elle apporte
le réconfort. Elle émane d'une gorge plaintive, profonde, rauque et lointaine.
Elle est douce, chaude, captivante et rassurante. Elle promet de nous mener
loin … très loin. On cherche à nouer le contact, fut-il éloigné. Chacun y va de
sa chanson. Ils finiront toujours par trouver quelque chose au loin. Ils
parlent et ils écoutent, ils lisent et ils écrivent. Ils se confient, ils se
chuchotent, ils se vident, ils se rechargent les batteries pour une nouvelle
vie. On veut rattraper et explorer le temps perdu. L'envie de parler et
d'écrire est devenue un style. Un mode de vie. Elle est passée dans la
perfection, dans la communication de tous les jours.
« Je vous ai
reconnu du premier coup » confie P …..., fier de ses attaches et de sa mémoire toujours fidèle.
« On fréquentait la même classe, te souviens-tu ? »
renchérit de nouveau E....... qui ne jure que par le passé. « Vous
étiez plus jeune et moins belle » enchaîna cet autre, non sans vouloir
tenter un brin de cour. « Je connais vos parents ... »
s'empressa de rajouter J......, ravi d'avoir retrouvé une amie d'enfance
qu'il trouvera plus alléchante qu'autrefois. On est mieux aguerris cette fois.
On est plus mûrs. D'ailleurs, on a un compte à régler avec dame colonie, si
chère à Jules Ferry.
Enfin, et pour de vrai,
on se sent bien dans sa peau, ou plutôt dans sa tête.
« Parlez-moi de
lui ». Cette fois, Nicole Croisille nous entraîne loin, avec sa
voix de velours, pour nous faire revivre les moments intenses de la vie, comme
ceux endurés durant la guerre d'Algérie.
LE
PASSÉ, C'EST … – III –
Certains ont un goût
profond pour le passé, fut-il amère. Faire parler le passé dans un monde
présent ou à venir ne va pas sans heurts ni contrariété. C'est pénétrer dans un
univers poussiéreux, suffocant et fragile, qui vous empêche de respirer et d'y
voir clair. C'est incommodant, disent les bibliothécaires. C'est marier
l'ancien et le nouveau, le beau et le disgracieux, le pur et l'impur, le
limpide et le tumultueux, le sage et le vilain. C'est entrer peu-à-peu dans le
monde burlesque du mardi gras. Pour beaucoup, c'est s'offrir les traits d'une
seconde personnalité et se laisser transfigurer. C'est d'être tiraillé de part
et d'autre et être victime de troubles de la pensée. C'est verser dans la
complaisance et frôler la mythomanie. C'est sombrer dans la cacophonie et
succomber à la déprime. On n'est plus maître de soi-même. Ça fait mal, très
mal, disent les psychologues. Pourtant, on veut faire revivre le passé, ce
passé longtemps relégué dans l'oubli. Ce n'est point pour y trouver un tremplin
et faire un saut en arrière, mais pour y chercher un refuge euphorisant.
Jacques Laurent
chroniqueur au journal Le Monde aborde le passé sous un
autre angle, le contexte étant cette fois différent, et rapporte dans un
article publié dans le quotidien Le Monde du 24 février 1980 la réflexion
suivante : « Pourtant l'avenir c'est le passé, et le passé
est notre plus sûr refuge contre l'avenir ». Et J. Steinberg,
rattrapé par la prosodie traditionnelle de Baudelaire, et plus proche
des idées de ce dernier, atteste : "Le passé, n'est même pas
passé."
ROMPRE
AVEC LE PASSÉ, ON … – IV –
L'ère expansionniste de « monseigneur » Jules
Ferry ne fait plus son chemin en ce temps présent. L'idée d'une nouvelle
politique coloniale est révolue. Elle n'a plus sa place et n'a plus droit
d'être citée. On veut rompre avec le passé. On ne veut plus entendre parler de
ce passé égocentrique et tourmenté. On refuse de s'encombrer d'images
effroyables, de scènes épouvantables, de maux indescriptibles, de troubles
tumultueux. Y penser seulement, c'est flirter avec la douleur, c'est faire
renaître la souffrance, c'est même enfanter une nouvelle fois le malaise, et
créer autour de soi un feu de braise. On ne veut plus croire en cette Afrique,
terre de colonies, porteur de déchirures, de désillusions, de désenchantement.
La déchirure est profonde. Elle saigne abondamment. Un parcours glorieux
parsemé d'embûches, de déceptions …... brisé à jamais.
J'en veux à ma famille
de m'avoir enfanté ici, sur cette terre », dira M*...R...lors
d'un dîner organisé en son honneur, par une vieille famille de notables
musulmans des H ….......
« Famille, je vous
hais » dira cette autre fois, Hervé Bazin.
M ...R ; Descendant d'une vieille
famille des Pyrénées installée à ….......... en 1852, M.....R… aura
à partager avec cette honorable famille musulmane le f''tour du ramadan, lors
de sa dernière visite aux H......... à
…....... en 2011.
OUBLIER, ON … – V-
OUBLIER, ON … – V-
« On veut
oublier » disent les pacifistes. « Oublier, surtout pas
... » nous rattrapent les
faucons, comme exhortés par les démons. On ne se défait pas facilement de
l'héritage spirituel de nos aïeux. On n'efface pas d'un coup, à la brosse et au
chiffon, le produit de plusieurs générations. On n'oublie pas. D'ailleurs, on a
du mal à rompre avec le passé et s'envoler rapidement avec un futur parsemé
d'embûches. Un parcours incertain, sans lendemain. Oublier, ce serait commettre
une trahison, un abandon, un désengagement, surtout si l'on appartient à une
terre vierge, chaude, chaste, qui vous a vu naître, à une terre arrosée à
l'eau-de-vie, à une caste privilégiée, à une armoirie luisante. Pour mieux
dire, c'est tomber sous le coup de l'apostat et le regretter toute sa vie. On
ne plie pas. On ne rompt pas. On ne pardonne pas …
«Il faut oublier … le
temps des malentendus » nous suggère avec dévotion la
voix prenante de Jacques Brel.
« Non, on n'oublie
pas … surtout pas ... » s'entêtent à le répéter
les plus avertis....
RÊVER,
C'EST …... – VI-
Cette fois, on en vient
à la solution la plus simple et la plus radicale, privilégiée par beaucoup.
C'est l'envie fantasmagorique d'y rêver. Elle nous permet de tirer un trait sur
une période de notre vie longtemps révolue. Elle nous procure cette sensation
agréable de faire le vide autour de soi, tout en ayant conscience d'avoir
libéré notre pensée, de s'être débarrassé de quelque chose d'encombrant.
Rêver, c'est jouir.
C'est mieux ainsi, nous dit-on. C'est un refuge. C'est échapper à l'emprise du
mal, à l'empire de la monotonie, à cette langueur mélancolique. On préfère se
rallier à quelque chose de nouveau, plutôt que de se laisser envahir par les
turbulences d'un passé incertain. Cette fois, et pour de vrai, on se confie à
notre imagination qui, pourtant, disait-on naguère, n'arrête pas de nous jouer
des tours. Tout cela, pour venir à bout de nos attentes, de nos ambitions. Il
est vrai que l'envie d'y retourner en arrière est la plus forte.
Pourtant la réalité est
tout autre s'accordent à dire les sociologues. Rêver, c'est entrer dans un
monde brillant et ne plus en ressortir. C'est céder la place à des idées
épicuriennes et se laisser constamment dépasser sur le plan intellectuel. C'est
ne plus être de son temps et ne plus pouvoir y avancer. Pis encore, c'est
stagner, c'est même revenir en arrière. On n'est plus maître de soi-même. On
aura du mal à joindre le passé, le présent et le futur. Du mal à revenir à la
raison, affirment de nouveau les maîtres à penser.
MÉMOIRES
D'OUTRE-TOMBE – VII-
La France a
perdu ses colonies en terre d'Afrique. Pour cela, retournons en arrière
et voyons le cas plus édifiant de l’Amérique du Nord, de l'Australie, du
Canada, de l'Irlande, de l'Afrique du Sud. Un continent où
l'influence britannique et française furent prépondérantes, où plusieurs
générations de colons se sont succédés sur un long parcours, vieux de plus de 3
à 5 siècles. C'est un peu loin, me diriez-vous, mais ils ont réussi tout de
même à s'implanter et à s'intégrer sur des terres nouvelles, riches, sauvages
et fascinantes, car d'une même et unique entité confessionnelle.
Le Canada, ce
vaste et immense continent , et grande puissance forestière et agricole, portera à jamais le qualificatif de
« vaste empire des bois et de blé ». Montcalm a réussi. Il y
laissera la vie en défendant le Québec. Vive le « Québec libre»
dira De Gaulle, 2 siècles après.
L'Inde, un vaste
continent aux visages pluri-ethniques, creuset d'une vieille religion hindouiste. Dupleix y
échoua. Abandonné par le roi, il lâchera à son tour l'Inde et le
commerce florissant de la Compagnie française des Indes. Il mourra ruiné
sans avoir pu rembourser les dettes contractées auprès de ses débiteurs.
L'Afrique, un
immense bloc et riche gisement minier (or, diamant, houille, uranium...). Elle
sera découpée, dépecée, tronçonnée en une multitude d'Etats. Fragile, fragilisée
par les luttes intestines, l'Afrique n'est pas prête de sortir de sa
profonde léthargie.
LES
VOIX DU FIRMAMENT – VIII-
On se met à emprunter
le chemin des écoliers. Celui des retrouvailles du petit poucet. On sème des
cailloux. On fait du chemin pour retrouver son chemin. On se met à marier le
cours des années, de l'histoire, à extrapoler sur les jours à venir, à
chevaucher sur les mois qui se succèdent. On se dit tiens ! Et si l'année 1962
avait été 1982. Et si l'année 1962 avait été 2002 ou 2015. Cette fois on aura
« tout à gagner » ou du moins « rien à perdre». Il aura fallu
attendre vingt ans, trente ans, et le cours de l'histoire aura certainement
changé, ou du moins en une petite partie. Les institutions sont plus fortes
cette fois.
L'O.N.U., l'O.N.G,
la ligue des droits de l'homme, la ligue de la défense des
minorités, Amnesty International. On en viendra cette fois à bout.